En Côte d’Ivoire, le paludisme représente un véritable enjeu de santé publique avec des milliers de cas graves chaque année. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le pays a enregistré près de 5 millions de cas en 2021, soit 160 cas pour 1000 habitants. Un fléau qui touche particulièrement les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.
Face à cette situation préoccupante, la capacité à détecter rapidement les symptômes du paludisme constitue la première ligne de défense pour les populations exposées. Car si cette maladie peut être mortelle en l’absence de traitement, son pronostic s’avère le plus souvent favorable lorsqu’elle est prise en charge à temps. Décryptage des principaux signaux d’alerte à surveiller de près.
Les symptômes d’alerte du paludisme simple
Transmis par les piqûres de moustiques infectés par le parasite Plasmodium, le paludisme se manifeste dans un premier temps par des symptômes similaires à ceux d’une forte grippe ou d’un état grippal.
Après une période d’incubation pouvant aller de 7 à 30 jours selon l’espèce parasitaire en cause, la phase initiale se caractérise par :
Une fièvre d’apparition brutale, supérieure à 38°C, avec des frissons et des sueurs froides associées
Des maux de tête violents et persistants (céphalées)
Des douleurs musculaires et articulaires diffuses
Des nausées et/ou vomissements
Une fatigue intense
À ce stade, le tableau clinique du paludisme simple ne présente généralement pas de signes de gravité. Mais ces symptômes doivent impérativement vous alerter et vous conduire à consulter rapidement un professionnel de santé pour confirmer ou non la présence du parasite.
Le diagnostic, simple et rapide, repose sur un prélèvement sanguin permettant de détecter le Plasmodium à l’origine de l’infection. En cas de résultat positif, un traitement médicamenteux adapté devra être prescrit sans attendre pour stopper la progression de la maladie.
À surveiller particulièrement chez l’enfant : les vomissements et une fièvre supérieure à 38,5°C constituent des signaux d’alerte qui nécessitent une consultation en urgence. Le paludisme simple peut en effet évoluer très rapidement vers des formes graves chez les plus jeunes.
Le paludisme grave : les signes de complications vitales
Sans traitement dans les 24 à 48 heures, les symptômes initiaux du paludisme simple peuvent se compliquer et rapidement mettre en jeu le pronostic vital. La forme grave, appelée Neuropaludisme, survient lorsque les parasites plasmodium envahissent les vaisseaux sanguins irriguant les organes vitaux comme le cerveau.
Les signes cliniques du paludisme grave nécessitant une prise en charge médicale urgente sont :
- Une forte fièvre supérieure à 40°C résistante aux antipyrétiques
- Des vomissements incoercibles
- Un état de faiblesse généralisée
- Une respiration anormalement rapide et superficielle
- Des saignements anormaux (gencives, nez, etc.)
- Des convulsions
- Une coloration jaune de la peau et des muqueuses (jaunisse)
- Une urine de couleur cola foncée (hémoglobinurie)
- Un état confusionnel ou de délire
- Un coma (stade ultime du neuropaludisme)
Chez la femme enceinte et le jeune enfant, des signes spécifiques doivent également alerter sur un paludisme aux complications potentiellement graves :
- Un accouchement prématuré
- Un retard de croissance in utero
- Une insuffisance pondérale ou une dénutrition sévère
Face à un seul de ces symptômes, une prise en charge urgente dans un établissement de soins adapté est indispensable. Le neuropaludisme peut rapidement entraîner une défaillance multi-viscérale, un œdème cérébral ou un accident vasculaire cérébral aux conséquences dramatiques.
Les particularités de la Côte d’Ivoire
Si ces symptômes s’appliquent de manière générale, la lutte contre le paludisme en Côte d’Ivoire présente certaines particularités géographiques et sociologiques à bien prendre en compte.
Sur le plan climatique, la forte humidité du pays, conjuguée à la présence de nombreuses étendues d’eaux stagnantes, crée un environnement particulièrement propice à la prolifération des moustiques vecteurs du paludisme. Sans surprise, le pic de transmission se situe pendant la grande saison des pluies, entre juin et octobre.
La région de l’Ouest forestier, notamment les zones de Guiglo et Duékoué, demeure l’une des plus touchées avec 60% de la population vivant dans des villages de planteurs enclavés et des conditions d’hygiène précaires. L’enfant de moins de 5 ans y apparaît comme la principale victime du paludisme grave.
Mlle. Awa Coulibaly spécialiste en logistique humanitaire, joue un rôle crucial dans l'acheminement de moustiquaires imprégnées et de médicaments antipaludiques aux communautés isolées. Sa contribution à zeropaludisme.com met en lumière l'importance de la logistique dans la lutte contre le paludisme, assurant que l'aide parvient là où elle est le plus nécessaire.
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