Options de traitement du paludisme – Protocoles actuels et défis en Côte d’Ivoire

Options de traitement du paludisme - Protocoles actuels et défis en Côte d'Ivoire

Maladie potentiellement mortelle en l’absence de soins appropriés, le paludisme représente un redoutable défi sanitaire pour de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. En Côte d’Ivoire, où il fait des ravages chaque année avec plusieurs millions de cas recensés, avoir recours au bon traitement et aux bons gestes peut parfois faire la différence entre la vie et la mort.

Tour d’horizon des protocoles thérapeutiques actuellement en vigueur pour combattre efficacement le parasite Plasmodium, vecteur de la maladie. Mais aussi des obstacles qui persistent sur le terrain pour pouvoir en bénéficier à temps dans les zones les plus reculées du territoire ivoirien.

 

Le traitement du paludisme simple : une prise en charge médicamenteuse

 

Lorsque le diagnostic de paludisme simple à Plasmodium falciparum (agents responsable de 95% des cas graves) est posé, les autorités sanitaires ivoiriennes recommandent une prise en charge médicamenteuse selon un protocole thérapeutique bien précis. L’objectif : éliminer la charge parasitaire dans le sang de façon à interrompre l’évolution de la maladie.

Le traitement de référence repose sur les Combinaisons Thérapeutiques à base d’Artémisinine (CTA). Conformément aux directives de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les molécules préconisées en Côte d’Ivoire sont :

  • L’Arthémether-Luméfantrine (sous les noms Coartem ou Artiplan) pour les enfants de moins de 5 ans
  • L’Artésunate-Amodiaquine pour les enfants de plus de 5 ans et les adultes

Très efficace pour traiter le paludisme simple à Plasmodium falciparum, ce protocole médicamenteux se déroule en deux phases distinctes :

  1. Une phase d’attaque de 3 jours minimum pour réduire rapidement la charge parasitaire dans le sang
  2. Une phase d’élimination de 2 à 4 jours supplémentaires pour prévenir toute rechute

Indispensable, ce traitement par CTA doit cependant être initié le plus tôt possible, dans les 24 à 48 heures suivant l’apparition des premiers symptômes, pour espérer une guérison rapide et sans complication.

Malheureusement, son efficacité reste actuellement limitée face aux autres types de Plasmodium (ovale, malariae, etc.). La prise conjointe de médicaments antipaludiques spécifiques peut alors être requise.

 

Le traitement du paludisme grave : une urgence vitale

 

Mais lorsque le paludisme prend une forme grave, avec le risque accru de complications neurologiques et de défaillance multi-viscérale, le traitement se doit d’être urgent et nettement plus invasif.

Il se déroule obligatoirement en milieu hospitalier et repose sur l’administration intraveineuse d’antipaludiques de la classe des dérivés d’artémisinine sous forme injectable :

  • Artésunate intraveineux en première intention
  • Arthémether intramusculaire en deuxième intention si artésunate indisponible

Ce traitement intensif a pour but de réduire immédiatement et drastiquement la charge parasitaire dans le sang. Il est indispensable pour stabiliser le patient dans un état critique pour se prémunir de toutes les complications mortelles comme le neuropaludisme.

Une fois le stade aigu franchi, le traitement par CTA classique pourra alors prendre le relais par voie orale pour finir d’éliminer tous les derniers parasites.

 

Le traitement préventif intermittent : protéger les plus vulnérables

 

Particulièrement exposées en contexte d’endémie palustre, les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans bénéficient en Côte d’Ivoire d’un traitement préventif saisonnier et intermittent spécifique.

Il a pour objectif de réduire le risque de développer un paludisme grave et ses redoutables complications comme le retard de croissance, l’accouchement prématuré ou la dénutrition infantile. Cette prophylaxie revêt un enjeu capital pour leur permettre de traverser en sécurité la période de haute transmission pendant la saison des pluies.

Les protocoles préconisés sont :

  • Pour les femmes enceintes : une dose d’acide sulfadoxine-pyriméthamine (SP) dès le 2ème trimestre de grossesse, à raison d’une prise mensuelle jusqu’à l’accouchement.
  • Pour les enfants de 3 à 59 mois : une dose trimestrielle de SP + amodiaquine à chaque fois durant la saison des pluies.

Afin que ces traitements préventifs saisonniers atteignent leur pleine efficacité, il est recommandé de les prendre de manière systématique et simultanée au sein de toute une communauté ou zone géographique.

 

Les défis à surmonter en Côte d’Ivoire

 

Si ces différents protocoles thérapeutiques contre le paludisme simple, grave ou préventif sont parfaitement cadrés et opérationnels, leur mise en œuvre sur le terrain ivoirien se heurte encore à de nombreux obstacles persistants.

Comme dans beaucoup de régions d’Afrique sub-saharienne, l’accès limité aux structures de soins pour une partie importante de la population constitue un premier frein considérable. Selon les dernières estimations, plus de 42% des Ivoiriens vivent à plus de 5km d’un établissement sanitaire. Dans ces conditions, l’administration d’un traitement antipaludique dans les premières 24 à 48 heures relève souvent du parcours du combattant.

Le recours massif à l’automédication par des antipaludiques de rue, souvent contrefaits et inefficaces, reste un phénomène préoccupant. Il participe au développement de résistances toujours plus importantes aux molécules thérapeutiques recommandées par l’OMS. Un défi majeur auquel la Côte d’Ivoire doit urgemment faire face avec la mobilisation des autorités sanitaires, de la société civile et des professionnels de santé.

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