« Mieux vaut prévenir que guérir » dit l’adage. Mais face à une maladie comme le paludisme, aussi grave que répandue, la maxime pourrait être inversée : « Mieux vaut détecter et traiter tôt que de devoir guérir dans l’urgence ».
En Côte d’Ivoire, où la lutte contre ce fléau représente un défi sanitaire de taille, l’éducation à la reconnaissance des premiers signes et l’importance d’un diagnostic précoce demeure la clé pour éviter les formes graves et mortelles. Explications sur cet impératif souvent mal compris ou négligé.
Les dangers d’un paludisme non ou mal soigné
Qu’il se présente sous une forme simple ou grave, le paludisme reste une maladie d’une redoutable efficacité lorsqu’elle n’est pas prise en charge correctement et à temps. Ses conséquences peuvent alors être dramatiques, et ce particulièrement chez les personnes les plus vulnérables.
Chez les jeunes enfants déjà fragilisés, un paludisme non traité ou traité tardivement peut avoir des répercussions dévastatrices sur leur développement physique et cérébral :
• Retards de croissance
• Déficits pondéraux sévères pouvant conduire à la dénutrition
• Risques accrus d’anémie
• Troubles cognitifs et baisse des capacités d’apprentissage
Plus généralement, le paludisme mal pris en charge à temps peut conduire à de graves complications organiques et neurologiques avec la survenue de neuropaludisme. À un stade avancé, celui-ci peut entraîner des lésions cérébrales irréversibles, voire le décès dans près d’un cas sur quatre.
Pour la femme enceinte, un paludisme laissé à l’abandon pendant la grossesse augmente considérablement les risques d’accouchement prématuré, de fausse couche ou de retard de croissance in utero.
De manière générale, les paludismes à répétition ou négligés favorisent l’apparition de formes graves pouvant évoluer vers une défaillance multiviscérale, une anémie sévère ou un œdème cérébral potentiellement mortel.
L’impératif d’un diagnostic précoce
Pour se prémunir de toutes ces conséquences dramatiques, la détection et la confirmation du diagnostic au tout premier stade de la maladie apparaît comme fondamentale. Car plus le traitement antipaludique sera initié tôt, plus il aura de chances d’être efficace et de circonscrire les risques.
Les études l’ont amplement démontré : lorsqu’un traitement adapté est administré dans les 24 à 48 heures suivant l’apparition des premiers symptômes typiques (fièvre, frissons, maux de tête, etc.), le paludisme simple guérit dans la grande majorité des cas, sans complication particulière.
À l’inverse, au-delà d’un délai de 48 heures, les risques d’aggravement se font exponentiels avec la survenue possible de fièvres hémorragiques, de défaillances organiques, d’atteintes neurologiques sévères ou de neuropaludisme. À ce stade, seule une prise en charge médicale urgente et intensive pourra espérer un pronostic favorable.
C’est pourquoi la détection des tout premiers signes précurseurs revêt une importance cruciale, notamment en zone d’endémie palustre comme en Côte d’Ivoire. La moindre fièvre inexpliquée, les maux de tête persistants ou les frissons chez un enfant doivent alerter et donner lieu à une consultation rapide.
Mieux éduquer les populations : un combat essentiel
Mais pour que ce message passe efficacement, l’éducation et la sensibilisation des populations restent les armes les plus puissantes à disposition des autorités sanitaires et des ONG.
Car si le bon réflexe de la consultation précoce semble une évidence, il se heurte encore trop souvent à des barrières socioculturelles ou économiques difficiles à lever en Côte d’Ivoire :
- La tendance à la négligence ou à la minimisation des premiers symptômes
- Le recours fréquent à l’automédication inefficace, voire dangereuse
- L’éloignement et la difficulté d’accès aux centres de santé pour une partie de la population
- Les contraintes financières restreignant le recours aux soins
- Les pesanteurs culturelles et croyances traditionnelles
Sur ce dernier point, de nombreuses communautés rurales continuent de se fier à des guérisseurs traditionnels ou à la médecine ancestrale pour soigner le palu, retardant d’autant une réelle prise en charge médicale.
Face à ces obstacles, un important travail de terrain reste à accomplir auprès des populations à la fois pour :
- Déconstruire les idées reçues et changements de mentalités
- Expliquer simplement la dangerosité du paludisme s’il n’est pas traité à temps
- Sensibiliser sur la reconnaissance des signaux d’alerte précoces
- Faciliter l’accès aux tests de dépistage et aux traitements abordables
Seule une réelle prise de conscience collective permettra de gagner ce combat en amont, avant que les complications ne s’aggravent de manière irréversible. Car comme pour toute pathologie, la détection précoce du paludisme demeure un impératif vital.
Mr. Issouf Konaté, avec une histoire personnelle touchante de survie au paludisme, Issouf est devenu un fervent défenseur de l'accès aux soins médicaux pour tous. En tant que coordinateur de projets sur zeropaludisme.com, il met en lumière les défis et les succès des communautés rurales africaines dans leur combat contre cette maladie, inspirant l'action par le partage d'histoires vécues.
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